Voyager, c'est demander d'un coup à la distance ce que le temps ne pourrait nous donner que peu à peu.
Paul Morand

mercredi 20 août 2008

88 METRES.....

Lors de la mise en route de ce projet, cette petite balade autour de la boule était l'occasion pour nous de découvrir de nouveaux pays mais aussi un ÉNORME prétexte à nous ramener vers des destinations déjà visitées et appréciées...

Après l'Inde, le Népal et le Pérou, nous revoilà dans ce petit pays andin qui nous a déjà conquis : la Bolivie.

4 ans après...

Au premier coup d'œil, rien ici ne semble avoir changé!

Le poste frontière, l'enfilade de gargotes de Copacabana où l'on vous sert toujours la trucha du lac Titicaca accompagnée de sa Paceña fraiche et cette arrivée à La Paz...


Toujours aussi impressionnante, on domine la ville à 4000m d'altitude avant de plonger littéralement dans cette cuvette couleur brique, 400m plus bas!

On y est, on est ravi, on a presque l'impression de revenir à la maison!

La Paz ne fait pas l'unanimité mais nous on l'adore!

Elle ne brille sûrement pas par ses vestigescoloniaux mais elle est à nos yeux une véritable cité andine vivante, avec son trafic, sa pollution, ses stands de bouffe et ses marchés à ciel ouvert où se côtoient feuilles de coca, string et fœtus de lama!

Hasard du calendrier, dimanche 10 août nous profitons d'une La Paz inerte, interdiction de circuler ou d'ouvrir son échoppe, tous les Boliviens sont appelés aux urnes pour décider du sort de leur président Evo Juancito Morales par référendum

La Bolivie est le pays le plus pauvre d'Amérique Latine et la situation économique y est tellement catastrophique que les présidents s'y succèdent a vitesse grand V.
Avec sa victoire en 2005, Evo Morales (indigène d'origine modeste) amène une véritable bouffée d'oxygène pour le peuple(et une de soufre pour les nantis...).

Seulement voilà, 3 ans après, les promesses électorales ne sont que peu tenues et certaines provinces de l'Est et du Sud (riches en pétrole et minerai) habilement encouragés par les multinationales américaines réclament leur autonomie économique.
Evo pour conforter sa position organise alors un référendum (qu'il est sûr de remporter...), lui permettant de poursuivre sa politique de nationalisation massive au grand dam des préfets de région (et des Nord américains) voués a prendre la porte.

Dimanche 10, 20 heures place Murillo, c'est officiel Evo est reconduit, les bannières flottent accompagnées des drapeaux Aymara et du visage du Ché.
On se retrouve dans cette foule réunie pour la victoire de leur président, les "Evo hermano, el pueblo esta contigo" et "bolivia unida, nunca dividida" plein les oreilles.

Alors pour nous, petits touristes français, que penser de ce petit Bolivien à la tignasse de concours de coiffure? et ben pas grand chose...

La majorité des personnes que rencontrées semble satisfaite de cette réélection, nous assurant qu'Evo fait de grandes choses pour les indigènes défavorisés, on en est ravi.
De plus, un gars qui chatouille les Nord américains (aux yeux d'un mangeur de camembert) est forcément un type bien, mais d'un autre côté on ne peut s'empêcher de s'interroger sur sa politique supportée par les pétrodollars du grand frère Hugo et de sa viabilité à long terme...

Un autocollant d'Evo hermanito dans la poche, on file vers la Isla del Sol sur le lac Titicaca perchée à 3800m.

Les Incas associaient le lac à des phénomènes mystiques et à l'origine même de leur civilisation. Dans ces mêmes croyances l'Isla del Sol était décrite comme le lieu de naissance du soleil et du dieu blanc Viracocha.
Oui, ben on aurait bien aimé que ce soit aussi le lieu de naissance du pin parasol car cette saloperie d'astre ici frappe très fort!

Évidemment, le cadre est superbe avec en toile de fond la Cordillera Real aux sommets enneigés. Aussi, même si on regrette un peu l'exploitation touristique de l'île qu'on pourrait qualifier d'à la "péruvienne" (taxe pour la communauté du centre, du sud et du nord...) et les difficultés rencontrées pour planter Rosita entre ses caillasses, on ne regrette pas d'avoir jeté un petit coup d'œil sur ce bout de Bolivie.

Et puis avec tous ces treks effectués à droite et à gauche, ça nous pendait au nez....
Après avoir pointé du doigt tous ces sommets, on a envie d'y poser les pieds!

La cible : L'Huayna Potosi, 6088m sobre el nivel del mar.
L'Huayna, c'est qui, c'est quoi?? En photo ça donne ça...

Oui, nous aussi sur les photos on le trouvait riquiqui mais croyez nous, vu d'en bas, il a du style!!
Rosita fait la gueule, elle ne sera pas du voyage, impossible pour 2 débutants (même volontaires et motivés) d'envisager l'ascension sans s'accompagner de guides.

On gagne le premier refuge à 4750m, et on goûte à une après-midi d'escalade sur glace qui nous permet de nous familiariser avec ce matériel (crampons, harnais, piolets...) dont on ne sait que faire. Et un style outrageusement volé à Herzog... ou plutôt à Maurice...


Notre guide Félix, peu loquace, nous regarde d'un air dépité pendant que nous nous éclatons (même si c'est crevant), pointant un piolet menaçant vers le sommet : on va te faire la fête!

Après une bonne nuit, on questionne les grimpeurs de la veille qui nous parlent de murs de glace de 40m de haut, de crevasses monstrueuses à enjamber, d'arête de 100m sur le final...
Bref on rigole un peu moins et on commence à transpirer dans nos chaussettes (surtout David qui a le vertige...et les pieds qui puent..).

On commence l'ascension avec notre sympathique petit groupe pour gagner le second refuge à 5200m.



En fait pas vraiment un refuge, plutôt un mélange de boite à musique et de carrousel en taule rouge où l'on dormira à 4 Français et 7 Bolivianos dans une odeur indescriptible (on ne la décrira donc pas... mais à savoir que y a pas que David dans le coup!!!!).

Et puis on ne dormira pas non plus, mélange d'excitation et de stress, impossible de fermer l'œil, le vent souffle dehors en traînant sa rengaine "je vous attends!".

A 1h du matin, pas un mot, chacun se prépare méticuleusement, 3 pantalons, 6 épaisseurs en haut, 2 paires de gants, 3 de chaussettes, bonnet, frontale, harnais, guêtres, crampons et piolet à la main, c'est pas le moment d'avoir envie de pisser!

Notre guide Feliciano (un autre pas plus bavard, un gars de la montagne quoi!) attache la cordée et me regarde en disant "pas de photos aux passages dangereux"!
Hé attends coco lapin! J'ai pas l'intention de mourir ici t'inquiètes, je vais essayer de pas faire n'importe quoi non plus!

Et puis c'est pas que j' te fais pas confiance mais... qu'est-ce qui me dit à moi, que ce nœud auquel je comprends rien ne va pas lâcher, que ta femme t'a pas foutu dehors il y a 2 jours et que t'as pas des tendances suicidaires....

Bon! Cela mis au point, l'atmosphère est surprenante!
Éclairées par la quasi pleine lune, les cordées entament l'ascension comme des petits trains de vers luisants montant à l'assaut de l'Huayna.
Au bout de 2 h 30 de marche, on arrive enfin à ce mur de 40m qu'on attaque au piolet et que l'on passe assez facilement... mais juste après les choses se compliquent...

La pente devient bien plus raide, et il est alors bien plus difficile de gérer son rythme, sa respiration et les rappels incessants de la petite montagnarde devant moi qui ne cesse de crier:"tends la corde, ça me gêne!!!!"

(voilà tout ce qu'elle trouve à dire pour justifier ses zigzags, ivre de fatigue,se mouchant dans ses moufles,la bave au coin des lèvres...1ers symptômes de la rage, qui sait si ces injections péruviennes font leur effet...)
Oui! mais moi, je suis devant!Et vaut mieux se moucher dans ses moufles que d'avoir des stalagmites de morve dans la moustache!Et non j'ai pas la rage, si ce n'est celle de grimper un peu plus haut!!


La crevasse..., l'arête..., après une dernière foulée on arrive enfin au sommet, félicités par le lever de soleil.
On nous attache à un piquet avec pas plus de 2m de corde chacun, comme on attache des chèvres.

Voilà, on y est, 88m au dessus des 6000, qui nous font poser un orteil dans ce petit monde qu'on appelle la haute montagne.
Au loin, les volcans Sajama, Parinacota du Chili et l'ombre conique du Huayna Potosi sur le lac Titicaca!
Superbe!
Alors, si on se la pète?
GRAVE!

Comme tout ce que l'on vit depuis le début de ce voyage, cette expérience est difficile à retranscrire, mais elle restera pour nous un moment fort et unique!
On vous laisse, il faut qu'on redescende...

PS : Regardez la classe un peu!! Comment voulez-vous qu'on ne se la raconte pas....!
Et attention les p'tits clous!! Comme vous l'entendez, entrée fracassante de K'ala Marka en tête de la playlist avec son tube Aguas Claras...
Vendez votre Simca, allez acheter un lama, ça va swinger dans le colimaçon!!! ;0))))

1 commentaire:

Jennifer a dit…

salut,
Oui effectivement vous vous la pt un peu mais vous avez de quoi....
Vous nous en mettez encore pleins les yeux et nous vous en remercions. bonne continuation et nous attendons la suite avec impatiente.
gros bisous, Jennifer et Vincent

Est-ce que vous êtes là??!