C'EST PAR OU LA SORTIE??

Nous voilà donc a Lijiang.
Au nord-ouest du Yunnan, cette charmante ville ensoleillée (fini le brouillard sichuannais) est dominée par la montagne du Dragon de Jade aux sommets enneigés. La vieille ville est pleine de charme et de caractère, un grand labyrinthe piéton aux ruelles tortueuses bordées de vieilles maisons basses (bois rouges couleur vin et toits gris aux pointes recourbées à la chinoise) et irriguées de nombreux petits canaux enjambés de ponts de pierre! Très beau!
Mais le tourisme (majoritairement chinois) y fait des ravages, et les habitants originels, les Naxi, ont déserté les maisons transformées en échoppes et restaurants.
Le soir tous les toits sont éclairés et flâner dans les rues pavées nous donne l'impression d'être au milieu d'un marché de noël géant!

Sur la place principale, on mitraille les mamies costumées qui dansent en ronde, un peu les mêmes chorégraphies qu'on a vu au Tibet et à Langtang. Il faut dire que les Naxi sont des nomades venus des confins du nord-est tibétain qui se sont sédentarisés dans la région de Lijiang depuis le X ème siècle.
Elles portent une casquette Mao bleue sur la tête et une cape noire (nuit) et blanche (jour) avec 7 étoiles brodées sur le dos (la petite ourse...).
Notre nouvelle maison se trouve dans la vieille ville, dans une ancienne demeure Naxi avec une cour intérieure splendide et des portes en bois artistiquement sculptées, très chouette!!

Ce qui l'est un peu moins c'est la paperasse chinoise qui nous colle à la semelle comme un vieux chewing-gum !

Nous nous rendons au PSB (PoliceSecurityBureau pour les inattentifs du fond de la classe) pour l'extension du visa et Oh surprise! on nous explique sans ménagement que d'ici rien n'est possible!

Il nous faut nous rendre à Kunming, capitale de la province à 15h de bus de Lijiang...
Il ne nous reste plus que 3 jours avant l'expiration du visa, nous voilà donc à nouveau contraints de prendre un avion pour perdre le moins de temps possible! On se dégotte heureusement un vol bon marché, et c'est en espérant revenir dans cette partie du Yunnan dans quelques jours que nous embarquons!

Kunming, la ville de l'éternel printemps comme ils disent...
Oui bon, pas le temps de voir fleurir les bourgeons, on part à la recherche du PSB sur le champ !
Après 45min de bus on se retrouve largués dans la ville, hors du plan du routard et donc obligés de solliciter les passants. C'est bien là le début des ennuis, ces pauvres chinois ne comprennent rien à rien, on veut bien qu'ils ne parlent pas anglais (après tout on a qu'à parler chinois...), mais même en leur montrant des sinogrammes, ils ne nous sont d'aucune utilité !
Après 1h30 laborieuse, avec nos gros sacs sur le dos, on finit par trouver un poste de police où bien sûr personne ne parle anglais. Mais bon, on ressent quand même un peu d'enthousiasme chez les képis (l'envie de bien faire...) et on se retrouve avec l'adresse du PSB dans la poche (pas du tout à l'emplacement prévu, encore un plan foireux du routard !)
Le taxi nous dépose devant le bâtiment. On se frotte les mains, ça y est, le coup de tampon est proche !
- "Hello mister. We'd like to extend our visa please?"
- "But it's a group visa... No, it's not possible, you have to leave China, you have 2 days!"
...
Non, en fait, y'a pas eu de silence circonspect, c'est juste pour redonner un peu l'atmosphère mélodramatique du moment !
On s'est mis à l'insulter, que c'était "crazy" et des "bullshit" ces règles chinoises!!
Finalement, (après nous avoir sans doute insultés lui-même en chinois) il nous donne l'adresse d'un autre PSB où trouver solution à notre problème et nous chasse comme des mouches menaçant son dessert favori (on aime les comparaisons aujourd'hui..après celle du chewing-gum, essayons d'en caser une autre avant la fin...) !
Deuxième taxi, et l'énervement qu'on pensait à son comble, monte d'un cran supplémentaire...
- "It's not possible, you have to go to an other PSB!"
Mais y'a combien de PSB dans cette ville bordel?

Troisième taxi, et on nous largue sur la place du peuple où une femme serviable nous guide...jusqu'aux toilettes! (si on avait envie de rire ça serait presque comique, dans le lexique sino-français du guide, les mots "visa" et "où sont les toilettes" sont l'un en dessous de l'autre, elle s'était trompée de ligne...) puis en tournant à l'angle de la place, on tombe sur le PSB...celui du connard de tout à l'heure! J'en ai pleuré !
Ben oui! D'énervement, de colère et de frustration car si la personne qui nous reçoit a changé, la réponse est toujours la même, "you have 2 days to leave China!!"

Donc voilà le topo :
Pour rentrer au Tibet, (province chinoise depuis la honteuse occupation de 1951) depuis le Népal, la république populaire de Chine nous impose un visa "chinois" mais de "groupe" et de 25 jours uniquement! Ils annulent même les visas chinois individuels à la frontière népalo-tibétaine si ces derniers ont été faits avant l'entrée sur le territoire.
On nous a assuré qu'une fois en Chine la prolongation ne poserait aucun problème puisque même s'il est de "groupe" (un groupe de 2 d'ailleurs, avec nos deux seuls noms...) il reste "chinois"!
Quant aux agents du PSB en Chine, ils restent éberlués devant le document, nous demandant pourquoi nous n'avons pas de visa individuel ?
Nous, ce permis de groupe on en voulait pas, et ces mêmes autorités qui nous l'ont imposé ne lui reconnaissent désormais plus aucune valeur! Crazy!

Voilà la punition pour être rentré par le Tibet!
La seule solution serait de sortir du territoire pour y rerentrer avec un nouveau visa...
Que nenni! La Chine ne veut plus de nous, ca tombe bien, après cette après-midi a s'être fait renvoyer comme une balle de ping-pong (3ème comparaison pour ceux qui suivent...), nous ne voulons plus de la Chine!

Après la course au PSB, c'est la course au billet d'avion bon marché (encore une fois, nous n'avons plus que 2 jours, trop court pour sortir du territoire par voie terrestre et 50 euros de pénalité par jour dépassé...), on en trouve un a 100 euros pour le soir même !

Alors a votre avis on est où???

un indice...

N.B. : Que mettre en conclusion??
Quoi penser de la Chine et de sa bureaucratie d'un autre temps ? La Chine qui se veut un pays de plus en plus ouvert, ne l'est pas assez pour accueillir plus longtemps deux touristes français pourtant gauchistes, adeptes du Tai-chi, experts au ping-pong et mangeurs d'œufs de "cent ans"!!
Après les droits de l'homme, ce sont les droits du touriste qui sont bafoués!!!
On est rentré en Chine en reculant, on en sort en courant!